La nuit était déjà tombée depuis 2 heures quand je sorti. Je tortillais entre mes doigts une mèche de mes cheveux couleur chocolat. Je m'ennuyais : ma sœur (et colocataire par la même occasion) était partie se mettre un ou deux humains sous la dent. Je n'approuvais pas son choix de boire du sang humain, mais j'acceptais qu'elle n'ai pas les même réticences que moi à voler la vie d'autres.
Pour ma part, j'étais allée faire le plein de sang (animal évidement) la veille, je n'avais donc absolument pas faim, enfin, soif. Par contre j'avais très envie de me dégourdir un peu les jambes. Et puis Amaranth était une ville très intéressante, surtout la nuit. On pouvait y faire des rencontres surprenantes avec toutes les créatures diverses et variées qui hantait les rues. Entre les vampires, les loups garous et les sorcières, les humains avaient intérêts à faire profil bas et être très chanceux.

Bref un peu d'animation ne me ferais pas trop de mal, au contraire. Quitte à tomber sur un petit roquet belliqueux (loup garou pour les intimes) ou une sorcière de mauvais poil.
Je m'enfonçais entre les rues sombres croisant deux ou trois humains imprudents, suicidaires ou fous....comment savoir avec ceux là ?
L'un deux me suivit du regard d'un air de convoitise. Je lui adressais un unique coup d'oeil dédaigneux et passais devant lui sans y faire plus attention. Il resta planté un instant au milieu de la rue, la bouche ouverte (voulait-il gober tous les papillons de nuit de la région ?)

Soudain, à la légère brise qui soufflait, je perçue une odeur forte, riche. Une senteur reconnaissable entre toutes. L'odeur entêtante du sang humain.
On dit souvent que la curiosité est un vilain défaut. Si c'est vrai, j'étais une de ses grands victimes alors. Ma curiosité irrépressible ( et un peu de mon instinct je l'avoue) me poussa à suivre la piste olfactive jusqu'à sa source. Non pas que je voulais mettre fin à mon régime végétarien, au contraire, mais disons qu'une sorte de curiosité morbide me poussait en avant.
Je m'enfonçais dans des ruelles plus étriquées vers le cœur de la ville, toujours aux trousses du parfum. Je m’arrêtais enfin devant une rue s ans éclairage du genre coupe gorge. Pas de doute, les effluves sanglants provenaient bien de là. J’hésitais un instant à m'y engager. Une autre odeur vint se mêler à la première. Je ne l'avais pas détectée avant car elle était masquée par celle, plus puissante, de sang. Mais de toute manière, même sans l'avoir senti, il ne fallait pas être Einstein pour deviner qui était le (ou la) propriétaire de la deuxième odeur. Un ou une vampire.

Bof, j'avais envie d'un peu de conversation. Avec un haussement d'épaule , je rentrais dans la ruelle. Une fois passé un coude j'arrivais devant une scène de carnage. Ceci expliquait pourquoi le sang sentait si fort. Il n'y avait pas un mais trois cadavres. Je me félicitais intérieurement d'avoir satisfait ma soif la veille. Je n'étais ainsi pas tentée de rompre ma promesse, malgré la quantité d'hémoglobine qui dégoulinait sur le sol. Je réprimais une grimace, c'était vraiment le travail d'un assoiffée : les cadavres étaient réduits en charpies. Enfin.....une assoiffée.

La vampire qui me faisait face se redressa d'un des cadavres et me fixa droit dans les yeux d'un air féroce. Un grognement de mauvaise augure s'échappa de ses lèvres écarlates. Un air de défi brillait dans ses yeux émeraudes aux reflets bleus. Ses cheveux d'encre étaient en bataille, mais cela lui allait bien. Son visage était rougit du sang de ses infortunées victimes.
Sans doute pensait-elle que je voulais lui voler son diner.
Elle se releva à une vitesse fulgurante, me saisissant par la gorge. Je n’eus pas le temps d'esquiver, dynamisée comme elle était par le sang humain qu'elle venait de boire. Elle riva son regard dans le mien. Je le soutient sans ciller. Prunelles acajou pailletées d'or contre iris émeraudes nuancées de saphir. Puis je parlais, d'une voix légèrement étouffée (elle faisait peser sa main sur ma trachée, mais pas suffisamment pour m’empêcher de parler):

-Stop, tranquillise toi, ton diner ne m’intéresse absolument pas. Tu n'as rien à craindre, je suis végétarienne..... Tu peux me lâcher maintenant ?

Je restais impassible en attendant sa réaction (mais me préparais mentalement à utiliser mon pouvoir au cas ou la situation se dégraderait). Lentement, la vampire desserra sa prise et délivra ma gorge de la prison de ses doigts.